Réindustrialiser les territoires... chiche! Par Genevièvre Gaillard, Gérard Andreck, Marc Desforges et Frédéric Gilli

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Le chômage augmente, les grands groupes préparent des réductions d'effectifs, la consommation baisse... Malgré ces annonces déprimantes il est possible de réindustrialiser. Première bonne nouvelle : il y a beaucoup d'argent disponible ! Faute d'avoir confiance en l'avenir, les Français sont précautionneux : le taux d'épargne atteint 17% des revenus, niveau record. Par rapport aux dernières années, voilà 25 milliards d'euros disponibles en plus pour les investissements. Faisons en sorte que cet argent profite au pays. Deuxième bonne nouvelle : beaucoup d'épargnants seraient heureux que leur argent soit investi dans leurs territoires et certains acteurs financiers sont prêts à jouer le jeu. Proches des gens, des territoires et des entrepreneurs, les banques mutualistes et mutuelles d'assurance peuvent être les "pionniers" de cette réorientation. D'abord leurs liens avec l'économie sociale et solidaire les rendent sensibles aux modèles décentralisés. Ensuite l'organisation de leur capital les soustrait aux contraintes de rentabilité des banques cotées. Ils sont très capables d'accompagner le développement à moyen-terme des territoires et des entreprises locales.Troisième bonne nouvelle : le tissu des PME locales est un relais durable de croissance.

Le protocole "Territoires Innovants", accompagné par la Datar, l'Agence Nationale pour la Recherche et la Caisse des Dépôts le montre : lorsque l'on mobilise l'intelligence collective des populations et que les PME s'organisent en réseaux coopératifs pour atteindre la taille critique de 100 millions d'euros de chiffre d'affaire, plus de projets parviennent à maturité. Ces coopératives de PME sont un socle de croissance crédible et solide : faire confiance aux territoires peut apporter 0,3 points de croissance potentielle.

Nous avons là les bases d'un nouveau modèle de croissance.

La situation actuelle est ubuesque : les projets doivent faire la preuve qu'ils sont déjà rentables pour être financés. Soutenir l'innovation suppose une grande réactivité et une connaissance très fine des spécificités sectorielles ou locales et des nouvelles attentes du marché : les décideurs financiers classiques en sont de plus en plus éloignés. C'est pourquoi public et privé doivent s'associer en amont pour accompagner l'éclosion des projets.

Mais pour que ce modèle soit durable il faut ancrer les réseaux de PME dans les territoires. Un "territoire innovan " n'est pas seulement un lieu où il y a de l'innovation. C'est un endroit qui assure aux réseaux d'entreprises les conditions de leur pérennité : il sait organiser les entreprises pour capter de nouvelles idées de marchés ; il les accompagne dans leur croissance en sécurisant leur accès à toutes les ressources, salariés, formation, services et savoir-faire ; il est aussi capable de mobiliser de nouvelles organisations économiques, sociales et solidaires.

Les garanties apportées par le modèle coopératif en font un outil très intéressant pour des PME souhaitant co-développer des projets ou des équipements. Plusieurs expérimentations ont lieu à Epinal, dans le Grand Paris, la Vallée de la Seine ou en Bourgogne. Elles réunissent des entrepreneurs partenaires, des mutuelles ainsi que les décideurs publics locaux et nationaux qui accompagnent et financent l'émergence de projets d'avenir, secteur par secteur, territoire par territoire. Cette nouvelle forme de relation capitalistique est centrale dans "Territoires Innovants". L'innovation est plus grande, les entreprises et les créations emplois plus nombreux.

Réussir la mobilisation collective demande du courage car c'est d'un changement de modèle qu'il s'agit. Un modèle inscrit dans les échanges planétaires mais qui n'ignore pas le potentiel des "boucles locales d'innovation". Un modèle capable de mobiliser de grandes masses financières tout en décentralisant l'allocation des investissements. Un modèle dans lequel les citoyens peuvent mutualiser et s'approprier une part de la richesse collective. Un modèle durable aussi ; en s'appuyant sur les principes de l'économie sociale et solidaire, les territoires pourront faciliter les reprises d'entreprises par les salariés, le développement de nouvelles activités et la relocalisation des emplois. Un modèle, en somme, qui part de la reconstruction des liens de confiance pour dynamiser l'innovation, revitaliser nos villes et réindustrialiser nos régions.

Genevièvre Gaillard, députée-maire de Niort ;

Gérard Andreck, président du Groupe Macif et président de la filière "Économie Sociale" du pôle Finance Innovation ;

Marc Desforges, associé de CMI ;

Frédéric Gilli, chercheur à Sciences Po.

La tribune du Monde du 21/05/12