Pour des Coopératives d’énergie

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La transition énergétique est un sujet essentiel. A fort impact sur la compétitivité et l’emploi. Mais sur lequel il est bien difficile de se faire une idée claire tant l’imbrication des enjeux techniques et politiques le rend complexe. Voir les débats sur le gaz de schiste. Dans la complexité ambiante deux idées simples émergent : agir sur la demande et privilégier les énergies renouvelables. Pour nous, acteurs de l’Economie sociale, elles doivent conduire à défendre la décentralisation énergétique, une idée qui fait son chemin et l’essor des coopératives d’énergie, une idée quasi inconnue en France mais en très fort développement en Allemagne. Un billet de Hugues Sibille pour la Croix

 

La décentralisation énergétique vient d’être argumentée de façon remarquable et remarquée par la toute nouvelle Fabrique Ecologique dans sa première note, « Les territoires au cœur de la transition énergétique ». Il faut d’abord saluer la création de ce think tank trans-partisan (La Croix 6 novembre), qui entend sortir l’écologie de l’ornière dans laquelle les idéologues et les partis politiques l’enferment. 

La Fabrique (www.lafabriqueecologique.fr) repose sur des principes forts et justes : exigence scientifique, pluralisme politique, transparence (les lobbies énergétiques puissants influencent trop les productions intellectuelles !) et comparaison internationale des travaux.

La première publication démontre de façon convaincante que face à la nécessaire lutte contre les changements climatiques mais aussi à la hausse des marchés mondiaux, le développement des énergies renouvelables peut se faire sur la base d’unités de taille limitée, au plus près de la ressource et de la consommation. La Fabrique veut responsabiliser les collectivités avec un rôle de chef de file pour les Régions. Dans trois domaines : efficacité et lutte contre la précarité énergétique, production de chaleur et installations d’énergies renouvelables. Pour ce faire les rapporteurs préconisent de créer des Sociétés régionales et locales d’énergie (Sre et Sle), tout en maintenant une distribution par l’opérateur historique ERDF.

C’est là qu’on en vient aux coopératives. Une production d’énergie beaucoup plus décentralisée est favorable au système coopératif. L’Allemagne le démontre amplement. Selon Novethic (www.novethic.fr), l’Allemagne a doublé le nombre de ses coopératives de production d’énergie, avec 800 coopératives adhérant à la Fédération, ce qui représente 130 000 membres actifs, qui ont d’ores et déjà investi 1,2 milliards d’euros dans les énergies renouvelables, pour une production de 580 millions de Kwh d’énergie verte. Convaincant.

La Gazette des Communes du 11/11/2013 (N° 2196), donne l’exemple du Village de Grossbardof en Bavière, 1000 habitants. En dix ans, avec sa coopérative d’énergie, le village, de consommateur est devenu exportateur net : il produit 4 fois plus d’électricité qu’il n’en consomme grâce au photovoltaïque et un digesteur de biogaz. La capacité de chauffage urbain de Grossbardof a attiré une entreprise de machine outils, qui voulait investir dans une halle de production à bas coût énergétique, créant ainsi 140 emplois.

En France ce modèle est quasi inexistant. L’association Énergie Partagée compte aujourd’hui dans notre pays une dizaine de projets. Ce qui existe bien en revanche, c’est la coopérative de consommateurs, Enercoop, qui a la forme juridique de société coopérative d’intérêt collectif, SCIC (www.enercoop.fr). Enercoop a été créée en 2005 et fournit 15 000 abonnés, dont 12 000 sociétaires, avec de l’électricité renouvelable. Elle vient d’être désignée Prix 2013 de la finance solidaire Finansol (www.finansol.org). C’est une magnifique réalisation.

La formule coopérative présente deux avantages concurrentiels majeurs : elle permet de lever de l’épargne locale. En Allemagne les coopératives se financent à 50 % sur fonds propres. A l’heure du développement du crowdfunding (finance participative), on imagine que des clients veuillent financer eux-mêmes une électricité qui les éloigne du risque nucléaire. Le second avantage est que cette formule favorise une plus grande acceptabilité des citoyens, par exemple sur l’éolien. Au lieu de projets imposés et subis, on développe des projets choisis et acceptés.

 Il y a urgence à ce que la France s’y mette. Cela pourrait faire partie du Plan de développement de l’économie sociale que j’appelle de mes vœux pour accompagner la Loi ESS qui vient d’être votée au Sénat. Le statut de Scic qui permet aux collectivités locales d’être actionnaires à 20 % de la Coopérative est particulièrement adapté. Et la Banque publique d’investissements (Bpifrance) trouverait là des projets à financer, contribuant à la compétitivité et à l’emploi de demain.

Je me souviens soudain d’un slogan de ma jeunesse : inactifs aujourd’hui, radioactifs demain. Il reste vrai. Alors à nous de jouer : décentralisons l’énergie et créons des coopératives de production d’énergie renouvelable.