L'ESS à la Une de L'Huma :"L’ESS pour articuler démocratie sociale et intérêt général"

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“L’appropriation sociale des moyens de production demeure pour nous un outil essentiel de la mise en œuvre de notre projet écosocialiste. Cela concerne autant les modes d’appropriation publique, comme les nationalisations et les municipalisations que les reprises en coopérative, SCOP ou SCIC (sociétés coopératives d’intérêt collectif). Notre fil conducteur est le respect de l’intérêt général, tant du point de vue de son fonctionnement interne, que de la finalité de son activité. C’est en ce sens que nous soutenons aussi bien le projet de nationalisation des sites sidérurgiques d’Arcelor-Mittal que les mouvements de reprise en coopérative des Fralibs, d’Hélio Corbeil ou de SeaFrance.

La forme des coopératives de production, des SCOP, s’appuie sur trois principes fondamentaux, qui sont inscrits dans leurs statuts. Tout d’abord, le fonctionnement y est démocratique, « une personne égale une voix », quel que soit le montant de sa participation au capital de l’entreprise. Ensuite les « parts sociales », qui composent le capital en question, y sont détenues majoritairement pas les salariés. Enfin la majeure partie des bénéfices n’est pas distribué en dividendes aux associés, mais maintenu au sein de l’entreprise pour y renforcer ses fonds propres.

Avec environ deux mille entreprises et quarante mille salariés, la puissance de feu des SCOP dans le paysage de l’économie française reste modeste. D’où l’enjeu de dynamiser, par la législation, les procédures de reprise et de transmission en coopérative. Avec une loi instituant le droit de préemption, c’est plusieurs dizaines de milliers de sociétés qui basculeraient en SCOP en quelques années.

Mais le statut des SCOP, comme ceux des associations et des mutuelles, ne règle pas tous les problèmes, loin s’en faut. Nombre de structures de cette économie sociale « historique » ont connu, au fil des décennies une dégradation de leur vie démocratique et sociale. Qui d’entre nous participe chaque année à l’assemblée générale de sa mutuelle ou de sa banque coopérative? Qui n’a pas entendu des salariés d’entreprises associatives se plaindre de leurs conditions de travail?

D’un autre côté, ce qu’il est convenu d’appeler l’économie solidaire regroupe informellement les activités citoyennes de territoire qui ont émergé dans les années soixante-dix.

La plupart de ses animateurs se préoccupent trop peu à notre goût de la vie démocratique de leurs structures. Le pompon revient à certains des réseaux de « l’Insertion par l’activité économique », qui multiplient les contrats précaires pour leurs salariés « permanents », négligent l’implication des personnes en insertion dans la vie associative et appliquent les méthodes de management et les techniques marketing des entreprises capitalistes les plus classiques... le tout au nom même de la solidarité. Il n’y a pas à s’étonner que des banques comme la BNP Paribas financent les « Trophées de l’entreprise sociale », se payant à peu de frais une nouvelle image sociale et écologique, alors qu’elle maltraite ses propres salariés et organise l’évasion fiscale...

Il y a là aussi du ménage à faire: l’argent, même déguisé en subvention d’une fondation n’est pas toujours bon à prendre...

Tirons le meilleur de de l’ESS, à savoir les principes démocratiques de l’économie sociale historique et la démarche d’intérêt général, à laquelle l’économie solidaire a donné un nouveau souffle. De ce point de vue, les SCIC réprésentent sans nul doute le meilleur exemple de combinaison entre démocratie et finalité de la production...

... Il convient toutefois de ne pas se bercer d’illusions : la simple augmentation du nombre des structures de l’ESS ne peut réduire l’hégémonie du capitalisme mais il s’agit d’un point d’appui déterminant dans notre volonté de transformation sociale et écologiste. Dans cette optique, nous défendons une ESS émancipatrice. Face à l’offensive des tenants d’une vision libérale de l’ESS, les nombreux-ses militant-e-s du Front de Gauche impliqué-e-s dans les réseaux de l’économie sociale et solidaire s’attachent à y mettre en oeuvre une démarche de rupture avec le système capitaliste.

Nous attendons de Benoît Hamon, ministre en charge de l’ESS, qu’il soit plus attentif à ces préoccupations qu’aux sirènes néo-libérales des tenants de « l’entrepreneuriat social ».

François Longérinas

L'humanité du 22 février 2013