Le commerce indépendant : fin d’une époque ou métier d’avenir ?

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Thierry Revol. Glénat, Grenoble, décembre 2008.

Loin des multiples rapports théoriques (et souvent angéliques) sur la gouvernance des entreprises d’économie sociale, le livre de Thierry Revol nous plonge dans son parcours de directeur général de la coopérative de commerçants détaillants Technicien du sport-Twinner.

Cet ouvrage n’est pas qu’un récit de vingt années de développement, de changements, de réussites, mais aussi d’échecs qu’ont connus la coopérative et ses adhérents. Histoire que résume bien déclaration faite par le président Paul Coquoz à l’issue de l’assemblée générale d’octobre 1988 (tournant historique avec l’adoption de l’enseigne Husky) : « Le côté copains qui a présidé à la naissance de la centrale doit demeurer. Mais il faut tenir compte de l’évolution de notre environnement commercial. Restons conviviaux, mais plaçons en tête de nos préoccupations le professionnalisme. »

Le livre de Thierry Revol propose surtout une analyse, sans tabou ni détour, du mode de fonctionnement d’une coopérative d’entreprises. Sur le plan théorique, le rôle de la centrale coopérative et de ses cadres peut facilement se résumer à être au service des magasins en développant une enseigne fédératrice et en pratiquant les arbitrages nécessaires pour y parvenir. Dans la réalité, la position de la coopérative par rapport aux patrons de magasins est ambivalente : « c’est l’adhérent qui fait le groupement » tout autant que « c’est le groupement qui fait l’adhérent ». Après la présentation en conseil d’administration du premier film publicitaire de l’enseigne à la fin des années 80, un adhérent synthétisa ainsi cette réalité: « Nous sommes sortis de l’anonymat. Nous existons collectivement et individuellement. »
 
Stratégies personnelles, stratégie collective
C’est donc l’histoire d’un équilibre dynamique difficile à maintenir que retrace ce livre. « Alors que les adhérents ne songent qu’à leur propre succès et leur propre développement, je pense, pour ma part, que l’intégration de nouveaux points de vente nous donnerait plus de poids et permettrait de négocier de meilleures conditions avec les fournisseurs », affirme Thierry Revol. Les stratégies personnelles ne se confondent donc pas (toujours) avec la stratégie collective portée par la centrale coopérative. Rappelant fort justement au début du livre qu’une centrale « ne fait jamais que jouer la partition écrite par le conseil d’administration élu par les adhérents », on a toutefois l’impression que celui qui a connu une carrière « express » a parfois bousculé plus d’un adhérent. « J’ai en effet compris que le conseil d’administration pouvait approuver sans sourciller une campagne de communication d’un ou deux millions d’euros, mais qu’il pouvait aussi pinailler pendant des heures sur des petits dysfonctionnements dérisoires, allant jusqu’à exiger des économies de bouts de chandelle. » Et d’ajouter un peu plus loin : « Comment remédier à ce manque de hauteur de vue ? » La solution passe, pour Thierry Revol, par la mise en place d’un « mode d’emploi des institutions qui permettrait aux administrateurs de comprendre que leur rôle ne se limite pas à celui d’un contrôleur de gestion, mais doit surtout se penser comme une force de proposition stratégique ».
 
Equilibre et implication
C’est la question de l’implication des administrateurs et plus largement des adhérents qui est posée. « Ni le président ni le conseil d’administration ne se préoccupent de savoir comment leur centrale est gérée ni comment elle fonctionne. Les choses avancent, c’est l’essentiel. De ce manque de curiosité ou d’implication naissent les malentendus. » Pour l’auteur, les entreprises adhérentes à une coopérative sont « des molécules qui s’agrègent et se désagrègent au fil du temps ». Tout l’art consiste donc à trouver les moyens d’établir la bonne distance.
Ce livre plonge le lecteur dans la vie d’une entreprise au fil des stratégies de développement, de rapprochement, de croissance externe, des changements de dirigeants, etc. Il est un utile rappel que l’entreprise est tout sauf une boîte noire. Les dysfonctionnements mis en lumière dans ce livre ne sont pas partagés par toutes les coopératives d’entreprises. Les hommes, les histoires sont différents d’une structure à une autre. Néanmoins, la réussite de ces groupements d’entreprises indépendantes repose toujours sur l’équilibre que dessine Thierry Revol. Loin de décourager les entrepreneurs désireux de rejoindre une coopérative d’entreprises (l’auteur leur propose huit conseils), ce livre apporte un éclairage sur l’expérience d’un DG qui a nourri à la fois le dynamisme de l’enseigne et une partie des contradictions.
Pour prolonger la réflexion : www.thierryrevol.com
 
Rémi Laurent