Et si les complémentaires santé redevenaient vraiment "complémentaires"

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Extraits d'un article d'Emmanuelle Heidsieck  dans Miroir social, le 27 septembre. 

[...] Des voix s'élèvent de toutes parts pour réclamer le rétablissement d'une Sécurité sociale de haut niveau afin de retrouver un système de soins véritablement solidaire, comme l'avait voulu les fondateurs de l'assurance-maladie en 1945. Car, la politique de transferts de charges aux organismes complémentaires (mutuelles, assurances, institutions de prévoyance) menée depuis 2002 a conduit à une hausse moyenne des tarifs de 5% par an depuis dix ans. La taxe supplémentaire de 3,5% sur les complémentaires votée le 8 septembre par le Parlement constitue comme le coup de grâce, les mutuelles ayant annoncé une énième répercussion sur leurs prix dès le 1er octobre.

Contre-courant de la politique publique

 C'est dans ce contexte que paraît le Manifeste pour une santé égalitaire et solidaire (éd. Odile Jacob, septembre 2011) signé par cinq personnalités : André Grimaldi, Didier Tabuteau, François Bourdillon, Frédéric Pierru et Olivier Lyon-Caen. Ceux-ci s'inscrivent à contre-courant de la politique menée par les pouvoirs publics, notamment depuis la loi Douste-Blazy de 2004 qui a enclenché un cycle de recul de la Sécurité sociale au profit des complémentaires.[...]. Didier Tabuteau, responsable de la chaire santé à Sciences Po Paris, explique ainsi le propos du livre : « Ce que nous proposons, c'est de revenir à une Sécurité sociale remboursant à 80% en médecine de ville. C'est iconoclaste, mais on est dans une situation très grave ». Toute la question est de parvenir à faire comprendre aux Français que « c'est une opération neutre » insiste-t-il. Car la hausse de la CSG qui serait inévitable pour accroître les remboursements de la Sécurité sociale impliquerait une baisse mécanique des primes des complémentaires. Un enjeu de pédagogie car, même si les assurés sociaux se plaignent du coût de leur mutuelle, l'impôt n'a pas bonne presse. Quoi qu'il en soit, la Mutualité française « a demandé à nous rencontrer » confie Didier Tabuteau.

Changement dans l'air du temps

Ce qui se conçoit aisément car la Mutualité française et son président Etienne Caniard ont toujours défendu une Sécurité sociale de haut niveau et récusé les transferts de charges qui pouvaient mettre à mal le concept de solidarité en santé. [...] De même, il en va ainsi des prises de position de Pierre-Louis Bras, ancien directeur de la Sécurité sociale, et aujourd'hui professeur associé à Paris X Nanterre, : « Il faut aller vers une remontée des taux de remboursements de la Sécurité sociale, en supprimant les franchises, les forfaits hospitaliers, en luttant contre les dépassements d'honoraires dont on observe une dégradation continue (54% en 2010 contre 25% en 1990). On parle d'économies mais les frais de gestion des organismes complémentaires sont exorbitants en regard de ceux de la Sécurité sociale (15% contre 6%) ».

Des mutuelles, elles-mêmes, sont de plus en plus nombreuses à réclamer un renforcement du rôle de la Sécurité sociale. Ce fut le cas récemment du groupe Istya constitué de mutuelles de la fonction publique comme la MGEN. Par ailleurs, un groupement de mutuelles (22 mutuelles réparties dans toute la France) non affilié à la Mutualité française et dénommé Union des Groupements mutualistes solidaires (UNGMS) va même plus loin puisqu'il revendique une Sécurité sociale qui rembourse tous les frais à 100%. « On n'est pas là pour défendre le mouvement mutualiste mais pour se soucier de l'intérêt des gens. Aujourd'hui une mutuelle représente 10% du budget d'une personne à la retraite. C'est scandaleux. Cela ne peut plus durer » s'emporte le vice-président de l'UNGMS, Christian Boistard. Bien sûr, vouloir valoriser la Sécurité sociale n'est pas simple. Quelle place pourraient avoir les complémentaires dans un système ainsi reconfiguré ? « Les mutuelles ont un rôle à jouer comme véritables « complémentaires », par exemple en optique, en dentaire et en auditif mais aussi pour défricher de nouveaux champs où elles devraient être davantage présentes comme le logement social et l'aide à domicile. Il y a quand même mieux à faire que d'être là pour rembourser ce que la Sécurité sociale ne fait pas » estime Christian Boistard.