Elinor Ostrom

Gouvernance des biens communs, pour une nouvelle approche des ressources naturelles

Elinor Ostrom, 1990, trad. française 2010, Editions De Boeck.

La pensée économique dominante conclut, au mieux, à l’inefficacité économique de « l’action collective […] des individus utilisant des ressources communes », au pire, à l’épuisement de ces biens communs, à moyen ou long terme. Il en ressort une alternative politique : la privatisation de ces biens (acteurs individuels ou firmes) ou leur contrôle par l’Etat (contrôle direct, nationalisation, ou indirect, régulation extérieure de l’action). Dans son ouvrage, Gouvernance des biens communs (dont sont tirées les citations de cette note), Elinor Ostrom (« Nobel » d’économie 2009) critique tant les modèles « métaphoriques » à la source de cette vision pessimiste, qui culmine dans la « tragédie des biens communs » (Garret Hardin), que les solutions qui s’inscrivent dans l’alternative Marché-Etat. S’appuyant sur ses propres travaux et enquêtes sur le terrain, comme sur les données d’autres auteurs, Ostrom met en avant les solutions « de l’auto-organisation et de l’auto-gouvernance dans les situations de ressources communes ». Solutions pragmatiques, efficaces et durables dans suffisamment de cas pour que l’auto-organisation apparaisse non pas comme une utopie politique mais comme une pratique d’action collective qui répond à une large palette de problèmes économiques.

ESS et biens communs, un même coin entre « l’Etat et le marché » ?

Le 23 juin 2011, la Macif accueillait à Paris une rencontre, organisée par l’Escem, le Cnam, le Ciriec France et le Riodd (Réseau international sur les organisations et le développement durable), autour d’Elinor Ostrom, prix Nobel d’économie 2009, pour ses travaux sur les « biens communs » (voir l’éditorial du numéro 314 de la Recma et la note de Luc Bonet dans la Recma n° 320). Une centaine de chercheurs et de dirigeants de l’économie sociale française ont pu initier un échange de vues avec la prestigieuse représentante de l’école de Bloomington à l’occasion de deux tables rondes sur les thèmes « Economie sociale et biens communs, biens immatériels » et « Economie sociale et collectifs auto-organisés, gouvernance et régulation ». Si la fraîcheur de l’économiste, qui interrompit la présentation d’Alain Arnaud, président du Ciriec France, en s’interrogeant sur la « nonlucrativité » de la structure hôte, n’a pas permis d’alléger un programme trop dense, des liens sans aucun doute féconds ont été noués entre des communautés de chercheurs aux préoccupations connexes, mais divergentes du point de vue terminologique et méthodologique.