histoire

1960-2010 : cinquante ans de fidélité à l’économie sociale ou les "virtuosités possibilistes"

Jean-Bernard Gins. Editions Sillages, 2011, 140 p.

Si l’économie sociale se doit de valoriser le collectif, la conviction et l’engagement individuels des dirigeants, qu’ils soient administrateurs (nécessairement militants) ou cadres salariés, sont des leviers essentiels de la dynamique des organisations. En témoigne l’itinéraire de Jean-Bernard Gins, jeune diplômé recruté à la fin des années 50 par le Crédit coopératif, où il effectuera toute sa carrière. Lorsque la fondation est créée en 1984, il en devient le secrétaire général, poste qu’il occupera jusqu’à sa retraite. Dans ce petit ouvrage, il évoque ce temps où « la banque de l’économie sociale » n’était guère connue du public, bien que la Caisse centrale du Crédit coopératif ait été un acteur important du renouveau coopératif pendant la recons truction. Au cours des années 60, l’auteur a contribué au désenclavement du Crédit coopératif, autour duquel il s’est efforcé de tisser, avec les mutuelles assurances, les mutuelles santé et les associations, un véritable réseau de l’économie sociale, avant même que le terme ne soit exhumé par Henri Desroche. Rien d’étonnant, donc, à ce que ce rassembleur intuitif ait été l’un des fondateurs du Comité national de liaison des activités mutualistes, coopératives et associatives (Cnlamca), ancêtre du Ceges, en 1970.

Evolution passée et récente des villages coopératifs en Israël. Par Zvi Galor et Michaël Sofer

Durant la période ottomane, ont eu lieu des tentatives d’établissement de villages coopératifs, tels que les Mochavim des Poalim (ouvriers). Bien qu’elles se soient soldées par des échecs, ces expérimentations ont inspiré Eliézer Wilkansky et Eliézer Yaffé, les deux initiateurs du Mochav Ovdim fondé en 1921, dans la vallée de Jezréel. Il existe aujourd’hui 400 Mochavim, regroupant 254 300 habitants, assurant l’indépendance agricole du pays et exportant largement hors de ses frontières.

Aux entreprenants associés La coopérative d’activité et d’emploi, d'Elisabeth Bost

Elisabeth Bost. Editions Repas, 2011, 206 p.

Les coopératives d’activité et d’emploi (CAE) constituent une nouvelle expérience coopérative qui marque par son dynamisme et son caractère innovant dans la création d’activité. Outre leur mérite propre, elles présentent encore celui, plus subtil, d’attester la vitalité d’un modèle qui dans les autres familles se caractérise davantage par sa banalisation. Dans l’ouvrage qu’elle leur consacre, Elisabeth Bost, la principale initiatrice de cette expérience, nous offre tout à la fois une présentation de ses spécificités, de l’histoire de son émergence et de ses possibles orientations. La collection des Editions Repas s’enrichit ainsi d’un nouvel élément qui s’y inscrit parfaitement. Le propos de l’auteur est précédé d’une préface de Hugues Sybille et d’une postface de Jean-François Draperi, deux recommandations de poids.

Mémoires d’un goujat, de Laurent Lasne

Laurent Lasne. Le Tiers Livre, Paris, 2011, 212 p.

Qui se souvient du Limousin Antoine Cohadon ? Du jeune « goujat » (apprenti du bâtiment) monté à Paris en 1840 au doyen respecté disparu en 1910, Laurent Lasne nous retrace l’itinéraire de ce militant injustement méconnu, eu égard à la constance de son engagement. Au cours de sa longue vie, ce maçon creusois aura été de tous les bons coups coopératifs, tout en prenant part aux grandes luttes sociales qui ont jalonné le destin des ouvriers parisiens du XIXe siècle.

COLLABORATIONS VERTUEUSES ENTRE COOPÉRATIVES ET MUNICIPALITÉS. Le cas historique de l’Emilie-Romagne après la Seconde Guerre mondiale

Dans cet article, Tito Menzani analyse les synergies historiques entre l’action politique municipale et cette forme entrepreneuriale particulière qu’est la société coopérative en Emilie-Romagne, l’un des bastions mondiaux de la coopération, de la fin de la Seconde Guerre mondiale au début des années 70. Les relations entre le monde coopératif et les administrations publiques ont été particulièrement étroites, voire exclusives, entre 1943 et 1950. Soutenue par les diverses forces politiques progressistes, et particulièrement par le Parti communiste en Emilie-Romagne, la coopération a joué un rôle de premier plan dans la reconstruction morale et matérielle du pays. Les coopératives ont contribué à la modernisation des campagnes et du commerce et à résorber la crise du logement. A partir des années 60, le mouvement coopératif n’est devenu qu’un des diff érents interlocuteurs des administrations publiques locales, avec lesquelles il a continué à partager une même volonté de justice sociale. L’auteur soutient la thèse selon laquelle cette collaboration a été un vecteur de moralisation de la vie publique dans les territoires, du fait de l’exigence éthique qui sous-tend la pratique coopérative.

Numéro de revue: 
321
Année de publication: 
2011
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PDF icon recma321_099111.pdf167.75 Ko
Auteur(s): 
Tito Menzani

L’économie sociale au Portugal

Au Portugal, l’économie sociale jouit depuis la révolution de 1974 d’une reconnaissance constitutionnelle (1). Lors de la présidence portugaise de l’Union en 1992, Lisbonne organisait la IIIe Conférence européenne de l’économie sociale. Les contacts entre les familles n’ont jamais cessé depuis, mais ont pris un tour nouveau en août 2010, avec la création du Conseil national de l’économie sociale. Rapide panorama de l’économie sociale dans ce pays où, comme ailleurs en Europe, une profonde crise budgétaire et politique est susceptible de faire évoluer les relations entre le tiers secteur (2) et les pouvoirs publics .

La coopération en Slovénie : entre reconnaissance et déni

Cet article propose un aperçu historique du fait coopératif en Slovénie depuis la fin du xixe siècle, principalement sous l’angle juridique. Le pays a en effet connu de profonds bouleversements politiques qui ont marqué le développement des coopératives. La première partie revient sur un siècle de coopération, de l’influence austro-hongroise à l’indépendance du pays et à son entrée dans l’Union européenne, en passant par l’ère soviétique et l’affirmation d’une voie socialiste autogestionnaire sous Tito. La seconde partie de l’article s’ouvre sur les évolutions législatives en cours suite à l’application du règlement de la société coopérative européenne (SCE) et, en présentant un panorama contemporain de l’économie coopérative en Slovénie, soulève des problèmes non résolus tels que la diversification des coopératives (accès à diverses activités), l’égalité de traitement dans le système des aides d’Etat et les modalités des dispositifs d’incitation et de contrôle pour les coopératives à capital indivisible.

Numéro de revue: 
320
Année de publication: 
2011
Fichier attachéTaille
PDF icon recma320_069081.pdf469.7 Ko
Auteur(s): 
Franci Avsec et Primož Žerjav

Entreprises sociales et entrepreneuriat social en Grande-Bretagne

Cet article vise à présenter la situation des entreprises sociales en Grande- Bretagne. L’auteure y décrit d’abord brièvement l’histoire du tiers secteur anglais depuis le milieu du xxe siècle et les récentes mesures spécifiquement destinées aux entreprises sociales. Les conséquences majeures de cette politique publique sont ensuite présentées : la mise en concurrence des structures et la montée en puissance du « managérialisme ». Puis la question de la structuration légale est évoquée, avec le nouveau statut de société d’intérêt communautaire, ou community interest company, et la récente création du label Entreprise sociale. L’auteure étudie enfin la figure de l’entrepreneur et montre que la logique de l’entrepreneuriat social va à l’encontre de logiques collectives et d’entraide.

Numéro de revue: 
319
Année de publication: 
2011
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PDF icon recma319_097113.pdf422.08 Ko
Auteur(s): 
Maïa Souviron

La nouvelle frontière de l’économie sociale et solidaire: l’intérêt général?

Les liens entre l’économie sociale et solidaire et l’intérêt général sont protéiformes – historiques, juridiques, politiques et plus largement dans les discours et les pratiques (ou tout au moins dans certaines pratiques) – et territoriaux (France-Europe). C’est ce que nous allons analyser dans un premier temps. Mais ces liens sont ambigus et renvoient à des questionnements essentiels, notamment sur le partage des objectifs poursuivis par les acteurs et les pouvoirs publics. En outre, si l’attraction de l’intérêt général s’explique par son aura, il convient de prendre la mesure des contraintes induites et d’apprécier avec plus de mesure les incidences d’une allégeance. Ces liens posent également la question de la construction des politiques publiques et de la capacité des acteurs de l’ESS à porter un projet politique.

Numéro de revue: 
319
Année de publication: 
2011
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PDF icon recma319_036056.pdf455.92 Ko
Auteur(s): 
David Hiez et Rémi Laurent