Pour la relance du musée Internet de la Mutualité française

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La Mutualité française a, depuis janvier 2009, mis un terme aux missions de recherche et de développement de son musée Internet. L’explication fournie aux historiens chargés du travail de mémoire s’est circonscrite au seul argument de circonstance : « Compte tenu de la crise, nous n’avons pas les moyens pour développer le musée. »

Nul ne peut, évidemment, ignorer les conséquences négatives générées par l’ampleur de la crise actuelle sur le fonctionnement des mutuelles. Mais c’est précisément parce que la construction des valeurs solidaires et démocratiques du mouvement mutualiste s’est édifiée au cours de périodes complexes de notre histoire que le projet d’un musée virtuel destiné à recueillir les traces de ce patrimoine historique s’imposait et s’impose toujours comme une évidence. A l’heure où l’on semble redécouvrir la pertinence des principes mutualistes et de l’économie sociale, y compris chez ceux qui hier les jugeaient « ringards », la mise en perspective historique s’avère plus que jamais indispensable pour éviter tous galvaudages et usages abusifs.

La question se pose alors de savoir si la reconstitution de la trajectoire mutualiste proposée par les historiens depuis 2002 s’est révélée conforme aux attentes du cahier des charges initial. Il semble que oui, puisque l’on a bien voulu reconnaître officiellement le caractère enrichissant des contributions et la qualité de cette collaboration, à travers les deux cent cinquante pages de textes et d’iconographies mises en ligne. La présentation des diverses facettes du développement de la pratique mutualiste en France a pleinement répondu au besoin de connaissance en constante progression au sein du mouvement mutualiste (administrateurs ou salariés), mais aussi de l’économie sociale et de la communauté universitaire française. Le site s’est avéré particulièrement utile pour les étudiants des masters en économie sociale. Par son usage libre et ouvert, il a suscité, au-delà des milieux initiés, la curiosité du grand public sur la protection sociale. On a ainsi recensé plus de 22 000 visiteurs en 2008, contre 10 700 en 2004. Fait remarquable, compte tenu de sa spécificité culturelle, le musée a constamment été présent dans le top 10 de la centaine de portails fédéraux, consacrés aux divers services accessibles par les groupements.

Une deuxième question convient d’être posée : le coût de cet outil en pleine expansion était-il supportable ? Les dépenses occasionnées pour le défraiement des trois chercheurs-rédacteurs, dont les tarifs furent d’ailleurs gelés pendant la décennie, s’élevaient à 4 000 euros (part patronale incluse) en 2008. Cette « charge » ne semble pas avoir déséquilibré le budget fédéral. Enfin, dernière interrogation, peut-on envisager comme solution de crise un fonctionnement a minima du musée, « limité à sa forme et à son contenu actuels », sans contribution historienne nouvelle ? Contrairement à ce que l’on semble imaginer, un musée est un organisme vivant. Vouloir le figer en l’état, en le privant de toute capacité de développement, revient à ruiner son caractère attractif. Le musée a déjà connu cette expérience négative au tournant des années 2005-2006. L’interruption pendant six mois de la mise en ligne des textes et des documents, en raison de l’indisponibilité pour motif de santé de l’agent chargé de la fonction, s’était traduite par un recul sensible du nombre des visiteurs.

Le musée Internet de la Mutualité française est un outil précieux et efficace au service de la mémoire mutualiste. Son abandon définitif serait tristement ressenti par nombre de mutualistes, d’acteurs de l’économie sociale et de la communauté universitaire. Aucune des raisons avancées pour justifier cette décision n’apparaît raisonnablement acceptable. Nous souhaitons vivement qu’elle soit reconsidérée.

Bernard Gibaud, docteur en économie sociale, et Patricia Toucas-Truyen, docteur en histoire