Nouvelles dynamiques mondiales à l’ère post-Covid : enjeux pour l’économie publique, sociale et coopérative

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Le 33 e Congrès international du CIRIEC à València (Espagne) Prévu en 2020 à Thessalonique, mais annulé en raison de la crise sanitaire, le 33 e Congrès international du CIRIEC de València s’est finalement tenu du 13 au 15 juin 2022. Cette rencontre a permis aux chercheurs, universitaires, praticiens de l’économie publique et de l’économie sociale, acteurs politiques et sociaux, entrepreneurs, de travailler ensemble sur une thématique d’actualité : « Nouvelles dynamiques mondiales à l’ère post-Covid : enjeux pour l’économie publique, sociale et coopérative ».
Face aux défis liés à l’accroissement des inégalités et à l’affaiblissement de la démo- cratie politique et économique, il faut en effet chercher un nouveau cap pour continuer à vivre ensemble dans un contexte où les diverses transitions en cours (numérique, environnementale, économique, sociétale…) font mesurer les enjeux des mutations à venir.
Ce congrès s’est donc inscrit dans un contexte de crise profonde liée à la pandémie et à l’accélération de dynamiques technico-économiques, sociales et environnementales engagées de longue date, aggravée par une situation géopolitique inédite. Au travers des valeurs qui les animent, les acteurs de l’économie publique, sociale et coopérative sont ainsi interrogés car ils peuvent apporter des réponses adaptées et nouvelles aux défis de la situation actuelle. 1 217 congressistes et invités des quatre coins du globe, qu’ils soient chercheurs, responsables politiques ou professionnels de l’économie sociale et du secteur public, ont ainsi pu assister à la présentation de quelque 132 communications (1) au cours de sessions parallèles au Palau de las Artes et à la Faculté d’économie de València.
Les participants ont ainsi répondu au triple objectif qu’ils s’étaient fixé :
1) Analyser les nouvelles dynamiques technico-économiques, sociales et environnementales pour les opportunités qu’elles offrent tant à l’économie publique qu’à l’économie sociale ;
2) Analyser l’impact de la crise de la Covid et de ces dynamiques sur l’économie sociale et sur le secteur public en général ;
3) Analyser les réponses concrètes des entreprises publiques, des entreprises sociales et coopératives à la crise socio-sanitaire et à ces grandes dynamiques, en faisant particulièrement référence au nouvel élan donné au rôle de l’État, tant comme État Providence qu’État entrepreneur.

Qu’il s’agisse des sessions plénières, des ateliers, des communications scientifiques, des thèmes comme la santé et les services sociaux, l’emploi, les retraites, l’aménagement urbain, le logement, la mobilité durable, le dépeuplement, la transition écologique, les services ou biens essentiels comme l’eau, l’énergie et les transports, la transition numérique, les collaborations économie publique et ESS ont fait l’objet de débats et d’échanges riches durant ces trois jours.
De la séance inaugurale aux ateliers parallèles, un large consensus s’est dégagé sur l’analyse des réalités et sur le rôle attendu de l’ESS.
Parmi les intervenants en séance inaugurale, M. Joan Ribó, maire de València, a accueilli le congrès en déclarant : « Ce qui est clair pour nous, c’est que l’économie sociale et le coopérativisme constituent une recette efficace pour compenser les conséquences partagées par toutes les récessions et parvenir ainsi à une société plus juste ». La présidente du CIRIEC-Espagne, Adoración Mozas, a rappelé l’importance de la recherche et de la diffusion du coopérativisme et de l’économie sociale que le CIRIEC mène à travers ses publications, ses observatoires et autres événements et activités. Alain Arnaud, président du CIRIEC-International, a souligné la nécessité de redonner au monde une stabilité qu’il est en train de  perdre, de redonner à nos sociétés un sens plus social et plus solidaire, en ayant conscience qu’un avenir meilleur passe par des modèles  économiques qui organisent le partage, la solidarité, qui respectent les droits humains et les droits sociaux, et qui préservent les biens communs et l’environnement. L’énorme soutien et l’implication du mouvement coopératif et de l’économie sociale valencienne dans l’organisation du congrès, ainsi que celui de la Generalitat Valènciana et du conseil municipal de València ont été soulignés par le professeur Monzón, directeur du CIRIEC-Espagne et commissaire du congrès, tandis que le commissaire européen Nicolas Schmidt a adressé un message aux congressistes.
Paul Krugman, prix Nobel d’économie 2008, a prononcé la conférence inaugurale sur le thème « Coopérer pour un meilleur avenir ». Il considère que l’économie sociale a un effet égalisateur sur la société, analysant l’influence de l’économie sociale sur les inégalités économiques et le changement climatique. L’économie sociale apporte des réponses pour éviter une mise à l’écart d’une partie de la population, comme le montrent des exemples tels que les coopératives de logement, d’agriculture ou de crédit, les associations du troisième secteur ou les syndicats. À propos du  changement climatique, Paul Krugman a déclaré que nous sommes face à une crise de l’eau extraordinaire et que nous ne pouvons pas échapper aux émissions de CO 2 . Il considère alors que ce sont les administrations qui doivent prendre les mesures principales, mais que l’économie sociale et les coopératives doivent faire partie des solutions. Il conclut en indiquant qu’« il y a trop de crises, l’inflation, la guerre en Ukraine, la crise alimentaire, la crise énergétique... mais ces crises passeront » en s’appuyant particulièrement sur les organisations du troisième secteur (notion encore vivace chez les Anglo-saxons !).
Les séances plénières, les ateliers, les présentations de contributions ont permis d’approfondir l’ensemble des thèmes du congrès, auxquels ont participé nombre d’orateurs, avec pour la France Maryline Filippi, Eva  Cantele, Philippe Bance, Pierre Bauby, Jean-Louis Cabrespines, Timothée Duverger, Nicolas Leblanc, Jean-Philippe Milésy. En clôture du congrès, Mariana Mazzucato, professeur d’économie de l’innovation et de la valeur publique à l’University College London (UCL), prix Léontieff 2017, est intervenue avec brio en considérant que « le modèle coopératif est la meilleure façon d’aborder les changements nécessaires dans la façon dont nous faisons l’économie », soulignant dès le début de son intervention que l’économie sociale n’est pas simplement une autre partie de l’économie, mais plutôt la manière dont l’économie devrait être faite. Elle explique que si nous continuons à « mettre des rustines », nous n’atteindrons pas les Objectifs de Développement Durable (ODD) de l’ONU. Nous devons réaliser des investissements très audacieux pour attaquer le problème à la racine. Pour elle, le modèle coopératif est celui qu’il faut défendre pour aborder les changements nécessaires dans la gestion de l’économie, car il n’y en a pas de meilleur. Elle estime également que l’on n’a pas tiré les leçons de la pandémie et elle précise que le changement climatique est un autre exemple qui montre que nous n’avons rien appris, car 56 % des fonds de relance européens vont à des entreprises du secteur des énergies fossiles. Elle conclut : « Nous devons amener différents secteurs à travailler ensemble pour mettre en place des politiques qui profitent à tous et permettent d’atteindre nos objectifs. Nous devons parvenir à un revenu équitable et à une meilleure répartition des avantages. Nous devons investir dans les talents pour parvenir à une conscience collective ».

En conclusion du congrès, Alain Arnaud, a déclaré : « Face à la transformation fulgurante de la société, face aux répercussions inacceptables des conséquences du modèle économique qui gouverne le monde, les acteurs de l’économie publique, sociale et coopérative doivent se mobiliser et agir pour éviter que la promesse d’un monde meilleur ne se transforme en catastrophe pour la démocratie et les libertés ».
Le congrès s’est terminé par la remise du Prix Edgard Milhaud 2022 et par la reconnaissance des meilleures communications présentées au congrès du CIRIEC. Le premier prix a été attribué au chercheur français Pierre Wokuri, de l’Université de Rennes1, pour sa thèse intitulée « Orienter et activer : les projets coopératifs d’énergie renouvelable à l’épreuve du marché. Une comparaison multi-niveaux Danemark, France, Royaume-Uni ».

Puis Bernard Thiry, qui succède à Alain Arnaud à la présidence, a présenté les deux ouvrages publiés pour le 75 e anniversaire du CIRIEC-International : Le CIRIEC 1947-2022 : 75 ans de réflexion et d’action en faveur de l’intérêt général et de la démocratie économique et L’économie d’intérêt collectif : 75 ans de recherches scientifiques.

Alain Arnaud, Président du CIRIEC-France.
Jean-Louis Cabrespines, Délégué général du CIRIEC-France


(1) 300 propositions de communications ont été reçues, 184 acceptées.