L’Esper teste des outils pour former les enseignants – et leurs élèves – à l’ESS

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Alors que l’association Esper (l’Économie sociale partenaire de l’école de la République, née en 2010), en partenariat avec l’Office central de coopération à l’école (OCCE) et Coop FR, a renouvelé, du 26 au 31 mars, la semaine « Mon ESS à l’école », le groupe de travail « Formation des éducateurs à l’ESS » constitué en son sein avançait dans l’élaboration du matériel pédagogique à destination des enseignants du primaire et du secondaire. Ce groupe mobilise des enseignants, des universitaires et des responsables de l’ESS, et poursuit deux objectifs stratégiques. D’abord, augmenter les connaissances des enseignants sur l’ESS, afin de les mettre en appétit et en capacité de sensibiliser leurs élèves à ces formes d’entreprise, mais aussi leur fournir un matériel pédagogique directement utilisable.
Deux principaux outils d’apprentissage coopératif favorisant la construction du savoir ont été élaborés récemment. Ils ont été testés auprès d’adultes (notamment au Forum national de l’ESS, à Niort, les 19 et 20 octobre 2017 et aux journées de l’Économie autrement, à Dijon, les 24 et 25 novembre de la même année) puis auprès de classes de seconde PFEG (principes fondamentaux de l’économie et de la gestion) et de terminale STMG (sciences et technologies du management), à Évreux, le 5 février 2018. Le premier outil est une série de fiches pédagogiques visant à retracer l’histoire de l’économie sociale et solidaire en cinq périodes correspondant aux grandes mutations du système socio-économique. Chaque groupe de participants dispose, pour une période, de données sur le contexte (économique, social et politique), d’exemples d’organisations de l’ESS, d’exemples de débats politiques et théoriques, et d’une figure féminine (souvent ignorée). Ces fiches donnent lieu à un travail collectif sur trois heures, avec la rédaction d’une synthèse par groupes suivie d’un exposé au reste de la classe et d’une discussion. Le second kit pédagogique consiste en une étude de cas sur la Mutuelle des motards ; elle se déroule en trois phases (individuelle, en petits groupes, puis collective), chacune étant documentée à partir de l’histoire réelle de la mutuelle. Après une réflexion sur la création de cette structure (motivations et conditions), les participants doivent apporter des solutions à une crise économique (les cotisations des jeunes motards ne permettent pas l’équilibre financier) et politique (des relations sociales tendues en raison de choix stratégiques contestés), en prenant part à des jeux de rôle en tant que membres du conseil d’administration de la mutuelle.
« Les élèves connaissent une quantité importante d’associations, de mutuelles, de fondations. Un peu moins de coopératives », remarque la professeure d’économie et gestion au sein de la filière STMG qui a testé les deux outils au lycée Aristide-Briand d’Évreux.

Un contexte nouveau
Appelés à se diffuser dans les formations d’enseignants proposées par l’Éducation nationale, ces outils marquent une rupture avec l’ancêtre de l’Esper, le Comité de coordination des œuvres mutualistes et coopératives de l’Éducation nationale (CCOMCEN), créé en 1972 sous forme de groupement d’intérêt économique (GIE) pour réguler les relations entre les acteurs de l’ESS dans le champ de l’Éducation nationale et gérer collectivement les relations entre l’ensemble de ces organisations et le ministère de l’Éducation.
Le contexte général a beaucoup changé depuis les années 1970 : l’enjeu actuel n’est pas tant la régulation interne (qui pourrait être assimilée à une forme d’« entente » considérée comme illicite) que l’accompagnement du développement et de la reconnaissance de l’ESS par une compréhension plus générale des enseignants. La convention avec le ministre délégué en charge de l’ESS, Benoît Hamon, et le ministre de l’Éducation, Vincent Peillon, signée le 13 juin 2013, en a posé les bases. L’inscription de 25 « stages Cerpep (Centre d’études et de recherches sur les partenariats avec les entreprises et les professions.) » pour enseignants au catalogue de formation de l’Inspection générale de l’Éducation nationale (Igen), cette année, va dans ce sens.
Le paradoxe actuel réside dans l’inversion de l’intérêt pour l’enseignement de l’ESS entre le primaire et le supérieur. Au début du XX e siècle, en dehors de la chaire occupée par Charles Gide au Collège de France et de quelques cours sur la coopération – de consommation – dans quelques facultés de droit et Écoles normales, c’est l’enseignement primaire qui était largement touché par l’enseignement – et la pratique – de la coopération, du fait de l’appui de la Fédération nationale des coopératives de consommateurs (FNCC) et de certains inspecteurs ayant encouragé la création, en 1928, de l’OCCE. Le but principal des coopératives scolaires – qu’une circulaire ministérielle a définies en 1948 comme des « sociétés d’élèves gérées par eux-mêmes avec l’aide de leurs enseignants » – était de faire des enfants de futurs coopérateurs avertis des qualités de la coopération de consommation. À la fin du XX e et au début du XXI e siècles, les enseignements de la coopération ayant déserté les universités, et les coopératives scolaires se réduisant le plus souvent à des caisses des écoles pour des activités extrascolaires, c’est de l’enseignement supérieur que viendra le renouveau (voir l’article d’Olivier Chaïbi dans ce numéro), par le développement dans de nombreuses universités de licences et de masters professionnels, dont la Conférence des présidents d’université (CPU) a assuré le recensement dans le premier guide Université et Économie sociale et solidaire en 2015. Une actualisation est en cours de réalisation par le Réseau interuniversitaire de l’économie sociale et solidaire (RIUESS), toujours avec l’appui de la fondation Crédit coopératif.

Enseigner l’entreprise sous toutes ses formes
L’intérêt pour les enseignements secondaire et primaire s’est manifesté plus tardivement, à partir de 2010. Ainsi, en 2012, la filière STG est rebaptisée STMG et devient la première dont les programmes assurent une place réelle à l’enseignement de l’ESS dans plusieurs disciplines  management, sciences de gestion, économie, droit et marketing). L’OCCE a repris le flambeau et connaît un nouveau dynamisme. Pourtant, la connaissance de l’entreprise (d’ailleurs le plus souvent assimilée à la seule société de capitaux) n’est pas encore un enjeu éducatif important et, de ce fait, les organisations de l’ESS sont quasiment ignorées dans les filières générales. Il est pourtant passionnant de présenter ces entreprises et les valeurs qui les fondent comme des manières modernes d’entreprendre, car répondant aux enjeux économiques, sociaux et environnementaux actuels – ceci dans la formation des élèves et, dans cette optique, de leurs enseignants. La forme pédagogique n’est pas anodine : plus les élèves apprennent à travailler ensemble, plus ils se forment à la dynamique collective et participative de l’ESS. C’est pourquoi l’OCCE, Coop FR et l’Esper mettent l’accent sur les pratiques participatives (avec « Mon ESS à l’école »).

Reste à suivre les évolutions en cours et leur articulation avec ce travail dans le projet de réforme du lycée (où l’enseignement de l’entreprise, et plus précisément de l’ESS, doit se développer en s’appuyant sur l’expérience multidisciplinaire réalisée en STMG). Par ailleurs, les évolutions annoncées dans la définition de l’entreprise portent le risque de banalisation des organisations de l’ESS, ce qui oblige à exercer une grande vigilance dans les enseignements.

Danièle Demoustier, Michel Abhervé et Sylvie Cordess