Notes de lecture

Godin, inventeur de l’économie sociale : mutualiser, coopérer, s’associer

Jean-François Draperi. Ed. Repas, collection « Pratiques utopiques », 2008.

Faut-il remiser au musée de la coopération et de l’économie sociale, après avoir déjà tout dit et tout écrit à leur propos, le Familistère de Guise et son créateur, Jean-Baptiste Godin? Assurément non, comme le démontre Jean-François Draperi dans son livre Godin, inventeur de l’économie sociale. L’auteur met en lumière la modernité de cet « expérimenteur « qui « a mis ses idées en pratique avec les hommes (et les femmes, autre anticipation de Godin et non des moindres) avec lesquels il bâtit, bien au-delà du travail, une véritable contre-société coopérative », comme le souligne l’éditeur dans son avant-propos. Plus que l’aventure du Familistère (mais faut-il parler d’aventure pour une organisation qui a vécu un siècle dont quatre-vingts ans sans Godin ? Aventure humaine, à ne pas en douter), le livre offre aux lecteurs un portrait à multiples facettes de celui que Jean-François Draperi considère comme « l’un des fondateurs de l’économie sociale et sans doute le plus moderne d’entre eux ».

L’expérience coopérative, regards et interrogations

Jean Lacroix. Alexis, 2007, 170 pages.

L’ouvrage de Jean Lacroix est un recueil d’articles qui prend place parmi de nombreux travaux de l’auteur principalement consacrés à la coopération et particulièrement aux coopératives de consommateurs. Cette oeuvre témoigne d’un parcours à la fois académique et hautement professionnel. Après avoir suivi les enseignements de Georges Lasserre à Lyon, Jean Lacroix a soutenu à Paris en 1956 un doctorat en sciences économiques sur « La distribution coopérative « (Ed. de Minuit, 1957). Il travaillait déjà depuis 1951 à l’Union des coopérateurs de Lorraine et devait accéder en 1985 à la présidence du comité national de la fédération (FNCC). Il a ainsi balayé le XXe siècle entier grâce à des travaux historiquement enracinés dans le XIXe proche, qui se poursuivent aujourd’hui par une ouverture au XIXe siècle, auquel le recueil s’adresse. Son article sur l’économie sociale, paru en 1985 dans un numéro spécial de la Recma en hommage à G. Lasserre, témoigne instamment de cette ouverture. Il s’y interroge sur la « profondeur « du concept et semble faire écho aux efforts actuels du Ceges, qui appelle à nouveau chercheurs et praticiens à une tentative de coordination (« Regards croisés », janvier, octobre 2008).

"Nous protégeons l’infortune" Les origines populaires de l’économie sociale au Québec

Martin Petitclerc. VLB éditeur, 2007, 283 p.

L’Union Saint-Joseph représente l’une des figures emblématiques de l’histoire des sociétés de secours mutuels au Québec. Le récit de son irrésistible ascension et de son déclin non moins irrésistible franchit largement les limites du genre monographique. L’analyse de Martin Petitclerc, professeur d’histoire de l’université du Québec à Montréal (Uqam), porte moins sur le patrimoine social accumulé par cette entreprise solidaire que sur les causes de son échec programmé. L’auteur nous offre là une remarquable défense et illustration du caractère universel de la pratique mutualiste dans sa confrontation avec l’économie de marché mondialisée.

Qu’est-ce que l’Union nationale pour l’habitat des jeunes ?

Editions l’Archipel, novembre 2008.

La collection « Qu’est-ce que ? « des éditions L’Archipel s’est enrichie d’un numéro sur l’Union nationale pour l’habitat des jeunes (Unhaj, anciennement Union des foyers de jeunes travailleurs, UFJT). On y découvre l’histoire de ce mouvement né le 15 décembre 1954, « à la faveur du gouvernement de Pierre Mendès France »: « Un petit groupe d’hommes et de femmes va prendre l’initiative d’articuler les pratiques associatives hétérogènes et disséminées avec une politique publique du logement des jeunes travailleurs en créant l’UFJT, au moment même où vont se développer d’autres mouvements qui incarneront l’essor de l’éducation populaire […]. « Les différentes étapes de sa construction sont marquées par la volonté de garder l’équilibre entre « une logique gestionnaire et une logique militante d’éducation populaire ».

Régimes territoriaux et développement économique

 Régimes territoriaux et développement économique,  Sous la dir. de Xabier Itçaina, Jacques Palard et Sébastien Ségas. Presses universitaires de Rennes, 2007.

Cet ouvrage collectif n’est pas centré sur l’économie sociale et solidaire (ESS), bien qu’une série de papiers lui soient explicitement dédiés. Il vient avant tout proposer une grille de lecture de la gouvernance territoriale en croisant développement économique et régulation politique. Il offre ainsi un cadre pour situer les acteurs de l’ESS, leurs pratiques et leurs stratégies dans des dynamiques territoriales complexes. Dans le même temps, il donne des clés d’analyse des modes de régulation des secteurs et des territoires.