Un réseau de doctorants Cifre en mutualité : une initiative de la Mutualité Française

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Les mutuelles régies par le Code de la mutualité font trop rarement l’objet d’études académiques, de recherches ou de projets universitaires, comme en témoigne le nombre limité d’articles parus au cours des dernières années. Or, les mutuelles représentent un objet pertinent à plusieurs égards : leur poids mais aussi leurs initiatives dans le sanitaire et social, leurs évolutions réglementaires, leurs transformations organisationnelles internes, leurs innovations territoriales ou encore les enjeux liés à l’engagement et la gouvernance démocratique sont, parmi tant d’autres, des exemples de thématiques de recherche intéressantes. L’inté-temps fortsrêt des mutuelles pour les chercheurs en entreprise se manifeste, quant à lui, ces dernières années, par un recours aux doctorants CIFRE (conventions industrielles de formation par la recherche) au sein de différentes mutuelles. Ces contrats de thèse permettent aux mutuelles de s’ouvrir vers de nouvelles perspectives fondées sur des travaux de recherche de long terme accompagnés par des laboratoires universitaires. Elles offrent aux doctorants la possibilité d’accéder à des données tout en débutant une carrière professionnelle, avec un statut de salariat d’une durée de 36 mois.
La Fédération Nationale de la Mutualité Française (FNMF) a souhaité constituer un réseau de ces doctorants afin d’encourager le partage de connaissances et l’implication des mutuelles dans la recherche, et de favoriser la carrière des jeunes chercheurs en valorisant leurs travaux.
Le 16 février 2023, la FNMF a ainsi réuni le premier atelier d’échanges entre les doctorants de ce nouveau réseau qui a mis en évidence trois grandes thématiques.

Complémentaire santé et prévention
Tel était le thème de ce premier atelier, avec une approche autour de la segmentation selon l’âge. Une première thèse autour de l’approche sociologique des usages du numérique pour les actions de prévention santé a été présentée par Maude Noël (Université de Montpellier), qui travaille à la Mutualité Française Bourgogne Franche-Comté (MFBFC). Lors de la crise sanitaire liée au Covid 19, la MFBFC a pu maintenir la continuité de son offre de prévention et de promotion de la santé en mettant en place des ateliers en « distanciel », principalement pour les personnes âgées. Dans un temps très court, la MFBFC a dû développer un format inédit d’ateliers digitalisés. Yasser DIDDA (Université de Reims), au sein de la MGEL, s’intéresse au marché de la complémentaire santé des jeunes avec comme objectif d’étudier l’impact de la fin du régime obligatoire sur les stratégies des mutuelles  étudiantes. Cette thèse interroge notamment la capacité de la culture mutualiste à constituer un levier d’engagement dans la souscription d’une complémentaire santé.

Analyse des données en santé
Dans ce second atelier, Thomas Kastner  (Université de Tours et ISA), doctorant Cifre au sein d’Apivia Macif Mutuelle, consacre sa thèseà la « Détection de motifs atypiques dans les données de prestations santé par des méthodes de machine learning et de deep learning ». Ces analyses de données permettent d’identifier les récurrences de sollicitation de soins et d’identifier des périodes de sollicitation de soins. Cette méthode basée sur des données  grand public, à ce stade, permettrait de développer des actions de prévention en augmentant le diagnostic et le dépistage précoce de maladies. Cette démarche se veut ouverte et promeut donc un accès libre aux données.
Laurent Ebede-Obama (Université de Clermont-Auvergne), qui réalise sa thèse à la Fédération nationale de la mutualité française, travaille sur l’ « analyse de l’impact du confinement sur le recours aux soins en cancérologie » en s’intéressant notamment aux différences liées aux catégories socio-professionnelles (CSP). Cette thèse vise trois objectifs. Le premier est de mesurer l’impact du premier  confinement, puis des suivants, sur la consom-mation des soins de traitement et des soins de support en cancérologie. Le deuxième objectif est de mesurer l’impact des différents confinements sur le délai de traitement en cancérologie et, enfin, le troisième, est d’analyser le lien entre la catégorie sociale des patients et le délai de traitement avant, pendant et après la crise sanitaire.

Évolutions du marché de la complémentaire santé
Dans ce troisième atelier, Florian Beaucreux (Université de Reims) a présenté les travaux qu’il mène à la MGEN sur la « résilience des valeurs mutualistes face à la concentration du marché de la  complémentaire santé ». L’objectif de ce travail pour la mutuelle est d’identifier les voies pour un maintien des spécificités mutualistes dans une logique de renforcement de la concurrence du segment de la fonction publique. Ces objectifs ont suivi quelques  ajustements liés à la réforme de la protection sociale complémentaire des fonctionnaires en février 2021, qui est en cours de déploiement.

Ensuite, Anne-Kim Ristori (Université Aix-Marseille), qui réalise sa thèse au sein de la Fondation Santé Publique MGEN, traite des « choix d’assurance complémentaire tenant compte de la rationalité limitée des assurés ». Plus spécifiquement, cette thèse vise à  examiner les choix des individus en matière de complémentaire santé afin de savoir si les décisions sont prises de manière optimale. Deux axes sont abordés : le premier s’intéresse à la motivation des individus dans le choix de leur niveau de couverture et le second cherche à identifier les leviers qui peuvent conduire à un choix plus optimal. Pour la mutuelle, l'intérêt était de mieux connaitre la population d’un contrat en particulier ("Efficience santé") – notamment sur leur niveau de méconnaissance des assurés ou leur profil – et de comprendre comment les individus choisissent leur niveau de couverture complémentaire.

Enfin, Victor Combes (CNAM) a réalisé sa thèse au sein du groupe Vyv sur le thème du « Management mutualiste : la fin d’un oxymore ? ». Cette thèse vise à mettre en évidence un « oxymore managérial », qui s’illustre par une discordance entre une représentation de la mutualité par des salariés et le vécu des relations managériales. La mutualité est présentée comme un secteur à part, singulier, qui repose sur un ADN relationnel spécifique, mais qui peut présenter des relations managériales vécues comme similaires à celles d’autres secteurs et reposant sur une vision verticale, statutaire, hiérarchique voire « archaïque ». L’intérêt, pour la mutuelle, est d’aborder explicitement une problématique peu traitée. Si les organisations mutualistes se prévalent d’un modèle différent à bien des égards, elles n’ont pas fait émerger une formalisation de pratiques de management permettant d’illustrer leur singularité. Cette thèse offre donc un diagnostic sur cette problématique et propose des réflexions et des actions concrètes pour l’aborder. Tout en vivifiant le réseau des chercheurs, cette première rencontre devrait permettre aux acteurs mutualistes de se saisir des enseignements issus de ces recherches afin de questionner leurs pratiques et de s’engager dans une démarche d’amélioration.

Olivier Boned
Délégué général Institut Montparnasse Université Toulouse 1 Capitole