Les activités coopératives d’intérêt universel

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C’est avec un grand plaisir que la Recma publie quatre contributions qui ont été présentées au sommet mondial des coopératives de Québec. Nous nous devions, pour un événement de dimension internationale, de présenter des actions coopératives d’intérêt universel. Nous espérons que le lecteur, où qu’il vive, aura plaisir à les découvrir.
Ce dossier, dont le thème est au centre de l’éditorial de ce numéro, vient à point : la question environnementale est devenue l’inquiétude majeure de toute pensée prospective ou projective.
En raison de leurs histoires respectives, les problématiques coopératives et environnementales sont encore bien distinctes. La coopération se développe essentiellement pour répondre à des besoins sociaux non ou mal satisfaits. Elle permet de contrer les excès de la concurrence économique et ses conséquences sociales dramatiques.
Quoique généralement ancrées dans les territoires et sensibles aux équilibres écologiques, les coopératives peuvent se trouver en porte-à-faux face aux risques environnementaux, par exemple lorsque leurs membres sont engagés dans une agriculture intensive intégrée dans une filière reliant industrie chimique, production agricole et grande distribution. Or, sur certains territoires, les dégradations de l’environnement sont telles qu’elles peuvent aller jusqu’à rendre la vie impossible. L’attention aux équilibres écologiques locaux est d’autant plus nécessaire que c’est l’addition des atteintes à ces derniers qui induit les déséquilibres planétaires globaux. Pour le dire rapidement : aujourd’hui, la coopération est au social ce que l’écologie est à l’environnement, et ces deux axes constituent ensemble les deux conditions d’une économie réellement sociale.
L’un des intérêts des articles qui composent ce dossier réside précisément dans le fait qu’ils abordent ces deux problématiques.
Maryline Thénot, Christophe Bouteiller et Honorine Lescieux-Katir présentent l’activité de coopératives agricoles « agents de symbiose industrielle » dans une économie circulaire permettant de diminuer considérablement l’impact sur l’environnement d’activités industrielles. La bioraffinerie de Bazancourt-Pomacle (Marne, France) étudiée fédère plus d’une dizaine d’acteurs dans les domaines de la production industrielle (sucrerie, amidonnerie et production de biocarburants). Les auteurs soulignent le rôle qu’y tiennent les coopératives agricoles, véritable moteur de la bio-industrie. Ils montrent également la spécificité de l’investissement qu’elles réalisent sous le terme de « capital patient », et dégagent une leçon d’intérêt général sur la fonction possible du capital dans une coopérative industrielle.
Dans leur contribution titrée « Réduire les pertes de récolte en Inde grâce aux plate-formes coopératives et à la capacitation des communautés », Chaudhury Shripati Mishra, Seema Tigga et Malay Kumar Sahu montrent que l’action coopérative, non seulement produit des effets économiques considérables, mais suscite également un processus d’éducation. Le pouvoir d’agir par l’éducation (la capacitation) détermine la capacité des communautés à « adopter des pratiques scientifiques [qui] contribueront sans doute à minimiser durablement les pertes de récolte et à assurer une plus grande sécurité alimentaire ». Cet article montre que cette capacitation provient de l’implication de la communauté, de l’amélioration des compétences, de la promotion de l’action collective, etc. propres à la dynamique coopérative.
María Eugenia Castelao Caruana étudie « les programmes d’énergie renouvelable impulsés par des coopératives électriques en Argentine », à partir de cinq projets de production décentralisée de bioénergie dans lesquels sont engagées des coopératives. L’auteure montre la création de valeur économique, environnementale et sociale dans les territoires, que ce soit en matière d’amélioration du service d’électricité, de renforcement économique des coopératives et des exploitations agricoles, de développement local, de gestion des déchets, de lutte contre la pollution du sol, de l’air et de l’eau, ou de l’impact sur la réduction des inégalités sociales. Un appel d’offres (2016) de l’État argentin entraîne un changement d’échelle, dont les effets peuvent être contrastés du point de vue coopératif.
Émile G. Nadeau et Luc Nadeau analysent « le rôle et les potentialités des coopératives forestières dans l’atténuation du changement climatique » à partir d’études menées aux États-Unis, en Europe, au Mexique, au Sénégal et en Himalaya. L’enjeu est considérable : les forêts constituent un lieu majeur de séquestration du carbone.
Face à la diversité des contextes politiques, les auteurs montrent que ce problème global ne peut se résoudre qu’à l’échelon local. Et, écrivent-ils, « compte tenu de leur enracinement dans les communautés, de leurs modes de propriété et de contrôle démocratiques, de leur capacité à s’articuler verticalement et horizontalement à d’autres coopératives, [les coopératives forestières] sont capables de mobiliser des centaines de millions de propriétaires et d’usagers de la forêt pour réduire les émissions de CO 2  ».
Ce panel présente des situations d’une grande diversité de secteurs d’activité, d’ancrages territoriaux, de modes opératoires, d’impacts environnementaux, économiques et sociaux. Simultanément, chaque article témoigne du caractère irremplaçable de la spécificité coopérative pour relier les sphères de l’économie, de la société et de l’environnement.
L’avenir nous dira si ces expériences définissent une nouvelle vague du mouvement coopératif, distincte de celles qui se produisaient du temps où l’on croyait les ressources naturelles inépuisables. Nous n’avons pas encore mesuré toutes les implications de ce changement de paradigme, mais nous savons qu’il questionne l’identité coopérative.

Jean-François Draperi