Le paysage associatif français. Mesures et évolutions

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Viviane Tchernogog, Lionel Prouteau et al., préface d’Hugues Sibille, Juris/Dalloz, 2019, 372 p., 35 euros.

Fruit d’un travail scientifique mené durant deux ans sur 7 400 associations situées dans 1 940 communes, ce livre dresse un nouveau tableau du paysage associatif français et de son évolution depuis 2011 – date de la dernière enquête entreprise – jusqu’à 2017. On le sait, les associations sont, avec les mouvements coopératifs et mutualistes, un des trois grands piliers de l’ESS. Leur nombre ne cesse de croître : il en existe 1,5 million à l’heure actuelle – 200 000 de plus qu’en 2011 –, soit une augmentation annuelle d’un peu plus de 30 000 unités. Ces associations sont jeunes dans leur majorité puisqu’une sur cinq ont été créées après 2010. Elles développent des actions destinées à leurs seuls membres ou, pour 44 %, en direction de publics extérieurs.
Le bénévolat y tient une place importante, voire majoritaire dans les domaines de la culture, des sports et des loisirs : son poids ne cesse de grandir dans l’ensemble du monde associatif. Les hommes sont toujours les plus nombreux (64 %) à la tête des associations. La moitié sont des retraités et 41 % avaient plus de 65 ans en 2017. A contrario, 7 % seulement avaient moins de 36 ans, ce qui montre la faible représentation des jeunes à ce poste. La féminisation se poursuit, mais avec lenteur : en 2005, 31 % des associations étaient présidées par une femme ; ce taux est passé à 36 % douze ans plus tard. Les catégories socioprofessionnelles supérieures ou moyennes – en tout cas les plus diplômées – dirigent la majorité des associations, avec même une légère progression des cadres supérieurs et des professions libérales. Les ouvriers, par contre, restent peu nombreux à ce poste, hormis dans le secteur sportif.
Enfin, la gouvernance des associations varie selon leur taille : elle ne cesse d’évoluer, souvent de façon informelle, notamment en ce qui concerne les réunions de bureaux. Deux tiers des associations sont dotées d’un conseil d’administration et plus de 90 % d’un bureau. Ce sont pour la plupart de petites structures locales et bénévoles. De leur côté, les associations employeuses ont vu leur nombre diminuer légèrement : en 2017, on en comptabilisait 159 000 et le nombre d’établissements employeurs s’élevait à 183 000. Les uns et les autres employaient 1,850 million de salariés, ce qui représentait 7,6 % de l’emploi total national public et privé, selon l’Insee. Ces emplois étaient en majorité (69 %) occupés par des femmes, avec de grandes disparités selon les secteurs : elles étaient 37 % dans le sport, 74 % dans le social et le médico-social et 80 % dans la santé.
De 2011 à 2017, le budget associatif est resté grosso modo stable avec 115 milliards d’euros, ce qui représente 3,3 % de la richesse du pays. Une telle stagnation constitue une rupture historique, après plusieurs décennies de croissance budgétaire. Les associations sont plus nombreuses mais doivent faire avec moins, ce qui suscite des tensions, comme le montre le mouvement social qui s’exerce au sein des Ehpad depuis plusieurs mois. Cet ouvrage décrit enfin les grandes tendances qui se font jour au sein du mouvement associatif. Sa concentration s’accélère sous la double pression des pouvoirs publics et de la concurrence. Le nombre d’associations employeuses est en diminution, mais celles œuvrant dans le social sont particulièrement dynamiques.
Enfin, le poids budgétaire des grandes associations augmente puisque celles disposant d’un budget supérieur à 500 000 euros (et qui représentent seulement 1,3 % du total des effectifs) concentrent à elles seules 71 % du budget total ! La suspension par le gouvernement d’Emmanuel Macron des contrats aidés marque une phase supplémentaire de cette tendance à la baisse des financements publics : elle va de pair avec une augmentation de la privatisation des financements, notamment dans le cadre du mécénat. Les financements privés s’élevaient à 55 % du total en 2017, tandis que les financements publics sont passés de 34 % en 2005 à 20 % douze ans plus tard. On doit se demander jusqu’où ira cette évolution, et force est de constater que la privatisation à marche forcée du mouvement associatif ne constitue pas un progrès, loin de là.
Par son ampleur et sa rigueur, cette nouvelle présentation du paysage associatif dans notre pays sera une référence incontournable sur le sujet.

Michel Dreyfus