La démocratie nous réussit ! Les Scop de l’Ouest de 1884 à nos jours

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CAC, CGSCOP, 2022, 606 pages

Les deux auteurs, membres du Club des Anciens Coopérateurs (CAC) de la Confédération générale des Scop, ont été tous deux directeurs d’une Union régionale (Ouest et Pays de la Loire). Dans cet ouvrage foisonnant, ils retracent l’histoire des Scop de l’Ouest ainsi que de leurs regroupements régionaux, en les insérant dans le mouvement national, notamment l’histoire de la CGSCOP et des mesures publiques.
Les huit premiers chapitres construits chronologiquement (1894-1901, 1915-1915, 1916-1940, 1941-1961, 1962-1978, 1979-1990, 1991-2009, 2010-2021) sont complétés par un dernier chapitre général sur les enjeux actuels de la coopération. En leur sein, ces chapitres croisent des éléments de contexte et d’histoire, des monographies de Scop, des portraits de militants… largement illustrés par des photos, graphiques et encadrés de témoignages. Cette richesse peut parfois donner une impression de confusion du fait du glissement entre niveaux local, régional et national, et entre genèse et développement d’un grand nombre de coopératives.
Pour ce faire, les auteurs se sont appuyés sur des sources variées : les travaux de recherche de la Morlaisienne Marthe Le Clech’ (« Bretagne d’hier »), des archives dont celles de l’Union Régionale conservées depuis 1950, des extraits des revues du mouvement (Chantiers Coopératifs, La Coopération de Production, Participer), la RECMA (« L’âge héroïque de la fédération des coopératives ouvrières de Bretagne, 1902-1914 », n°299), des ouvrages, des témoignages et une importante littérature grise.
Une longue annexe liste toutes les créations de Scop, puis de Scic, de 1893 à 2021 avec leur secteur d’activité et leur date de cessation. Ainsi, près de 1 400 coopératives ont été créées sur toute la période, dont 500 sont encore en activité (dont quatre créées avant 1945).
Morlaix, dans le Finistère, est considérée comme le berceau de la coopération de production. Une Scop, l’Union des couvreurs, créée en 1894, y est encore en activité, et une coopérative de consommation, La Ménagère, s’est implantée la même année.
De Morlaix où naissent un quart des Scop avant 1915, l’idée coopérative s’est propagée à Brest, Rennes, Saint Brieuc, Quimper… puis dans de plus petites villes après la Première Guerre mondiale. Comme partout, le développement sectoriel a privilégié les métiers du bâtiment, et à un degré moindre l’imprimerie ; quelques tentatives particulières plus ou moins éphémères sont à noter (chez les dockers 1919-1981, dans le granit jusqu’à douze coopératives entre 1926 et 1981, dans la chaussure lors des crises 1932, 1955, 1973) puis la montée des services (dont la culture et les funérailles) a dominé les créations. Plus récemment, des réponses sont apportées à la crise écologique (vélo, énergies renouvelables) et à la crise sanitaire (Coop des masques).
Les premières coopératives se sont créées sur une base militante pour l’abolition du salariat : défense de l’autonomie du métier avec un ouvrier du Tour de France, émancipation du travail avec les chambres syndicales, alternative à la coopération socialiste avec le christianisme social du Sillon bien implanté à Morlaix. Mais les guerres et les crises ont émoussé cette ambition transformatrice ; le développement des Scop se recentre progressivement sur leur solidité économique.
Elles sont soutenues dans cet effort par l’équipe de l’Union Régionale qui se structure à partir des années 1960. L’expérience passée des auteurs leur permet de faire de longs développements sur son évolution, ses spécificités et ses relations avec l’instance nationale, alors qu’elle devient la première de France en 2005 en nombre de Scop (16 % en 2021) et d’emplois (20 %). En dehors de la succession de présidents, de délégués, de congrès, de phases de réorganisations et de plans de développement…, on peut noter quelques spécificités régionales qui émergent au cours de cette histoire, l’UR réclamant en 1977 un « droit à l’expérimentation » face à la centralisation nationale : dès 1902, deux sections régionales de la Chambre consultative avaient émergé à Morlaix et à Rennes ; l’UR s’est créée en 1946 de façon très originale en lien avec la fédération des coopératives de consommation dont elle partage le secrétariat jusqu’en 1962 ; à partir de 1964, son territoire s’est redessiné au gré de l’expansion des coopératives (création de nouvelles UR, sections internes) et des découpages administratifs (loi 2015) ; après 1977, le manque de dynamisme du conseil d’administration la conduit à créer des groupes d’animation locale militante transformés en clubs d’entreprises coopératives en 2005 ; à plusieurs reprises, l’UR a mobilisé la solidarité de ses membres face à un sinistre (incendies, inondations…) ; la Maison des Scop et Scic de Rennes a été réhabilitée de façon collective ; l’association de formation s’est transformée en Scic en 2014.
De cette longue histoire, on peut retenir quelques points qui expliquent sans doute une spécificité bretonne : conjonction originelle entre syndicalisme et un certain christianisme social, rencontre entre coopérative de production et de consommation, structuration ancienne de l’UR, solidarité inter coopérative ; cette tradition d’intercoopération fait partie des sources des actuels pôles de l’ESS spécifiques à la Bretagne.
Mais en centrant l’ouvrage, à partir de 1979 (chap. 6) en grande partie sur l’Union Régionale, du fait de leurs expériences, les auteurs nous privent d’une réflexion plus ouverte sur le lien étroit entre la coopération et le développement territorial, qui fait de la cette région un réel territoire de coopération.

Danièle Demoustier