Fagor, la déconfiture d’un fleuron coopératif

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Depuis une quinzaine de jours, le groupe Fagor Electrodomestiques, cinquième fabricant européen de produits électroménagers, s’est déclaré en processus de « prédépôt » de bilan. Cette procédure laisse quatre mois à la direction du groupe, qui emploie plus de 5 600 personnes en Espagne et à l’étranger, pour trouver une solution ou se déclarer en faillite. En pertes depuis 2009, Fagor a affiché fin 2012, un résultat négatif de 90 millions d’euros. Les ventes sont en baisse de 37 % depuis 2008. Le fabricant détient 13 usines réparties sur cinq pays (Espagne, France, Pologne, Maroc et Chine). Un excellent article de VALÉRIE DEMON pour la Croix

 La semaine dernière, la puissante coopérative Mondragon, installée depuis près de soixante ans au cœur du Pays basque, dans le nord de l’Espagne, où elle emploie 35 000 personnes sur plus de 80000 dans le monde, a annoncé qu’elle renonçait à renflouer sa filiale-phare, fleuron de l’économie du Pays basque. Dans la foulée, Fagor a annoncé jeudi 31 octobre que sa filiale polonaise Fagor Mastercook, qui emploie 1 400 personnes à Wroclaw, déposait le bilan, premier pas probable vers le dépôt de bilan du groupe. Les quatre sites en France, qui emploient 1 225 personnes, sont à l’arrêt depuis le 21 octobre. 

DE 120 À 170 MILLIONS D’EUROS NÉCESSAIRE POUR POURSUIVRE

Le secteur des coopératives espagnoles n’a pas été très surpris. « Tout au plus, j’ai été étonné que les événements aillent si loin », précise Joan Ramón Sánchis, directeur de l’Institut universitaire de l’économie sociale et coopérative de l’université de Valence (Iudescoop). Plus de 2 000 postes sont en jeu au Pays basque. « Ils vont essayer de maintenir les emplois, tout au moins une partie », explique Juan Antonio Pedroño, président de la Confédération espagnole de l’économie sociale (Cepes).

L’un des principes coopératifs consiste en effet à reclasser les employés dans d’autres coopératives du groupe. Des retraites anticipées seront sans aucun doute également proposées. Pour l’instant, Fagor Electrodomestiques fournit très peu d’informations. Et ne confirme ni le montant de sa dette, que les médias espagnols évaluent à 800 millions d’euros, ni la somme immédiate dont aurait besoin la société pour poursuivre son activité. La fourchette s’étend dans la presse de 120 à 170 millions d’euros.

« La situation de Fagor va faire beaucoup de mal au secteur. Le groupe Mondragón reste une référence pour les coopératives au niveau mondial », regrette Joan Ramón Sánchis. Ce groupe est né dans les années 1950 de l’imagination d’un prêtre visionnaire, qui voulait donner du travail aux ouvriers de ce bourg du nord de l’Espagne. La coopérative est devenue un conglomérat implanté dans une vingtaine de pays, dans des activités aussi diverses que l’électroménager, les équipements pour voitures, les machines industrielles ou le matériel sportif. 

« GRÂCE AU MODÈLE COOPÉRATIF, NOUS AVONS TENU »

Juan Antonio Pedroño ne cache pas sa préoccupation devant ceux qui remettent en cause le modèle coopératif. Selon lui, les chiffres démontrent sa résistance face à la crise. À la fin 2007, les 25000 coopératives espagnoles employaient 317000 personnes. Cinq ans plus tard, il ne restait certes que 21500 coopératives et 287 000 emplois. Mais la destruction de l’emploi reste inférieure de huit points à celle du reste des entreprises traditionnelles.« Les coopératives ont su s’adapter, par des baisses de salaires, par une flexibilité », assure Joan Ramón Sánchis. Il souligne d’ailleurs la bonne santé des autres coopératives de Mondragón, comme Eroski (alimentation).

« Grâce au modèle coopératif, nous avons tenu », lâche Juan Antonio Pedroño qui rappelle l’injection de 70 millions d’euros en mai dernier dans Fagor, la moitié venant d’autres coopératives de Mondragon. Une solidarité qui ne devrait pas se poursuivre, selon Juan Antonio Pedroño. « Si les autres coopératives sont à nouveau sollicitées, cela les mettrait en difficulté », dit-il. Mercredi 30 octobre, Mondragon a d’ailleurs indiqué que « le projet » de Fagor « ne répond pas aux nécessités du marché ».

Pour Joan Ramón Sánchis, la crise de Fagor reflète celle du secteur de l’électroménager, fortement lié à l’explosion de la bulle immobilière en Espagne où Fagor ne réalisait pourtant plus que 24 % de ses ventes. « Je pense qu’ils sont rentrés dans une dynamique de multinationale et qu’ils ont perdu l’équilibre entre la compétitivité et le sens de la coopérative », explique-t-il. Avec ses produits de gamme moyenne, Fagor n’aurait pas su non plus trouver sa place sur le marché actuel, coincé entre la concurrence des fabricants low-cost et celle des marques haut de gamme.

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LES SYNDICATS DE FAGORBRANDT DEMANDENT «L’AIDE DE L’ÉTAT»

Les syndicats du fabricant d’électroménager FagorBrandt, qui emploie près de 1 900 personnes, ont été reçus lundi 4 novembre à Bercy pour demander « l’aide de l’État » pour cette filiale française du groupe espagnol Fagor, au bord du dépôt de bilan. Une réunion de crise est prévue jeudi à Bercy avec les élus des trois départements concernés (Loiret, Loir-et-Cher, Vendée).

Le gouvernement «attend» le comité central d’entreprise extraordinaire de mercredi 6 novembre « pour connaître les orientations stratégiques du groupe », a précisé le représentant syndical de la CGE-CGC, Christian Legay, qui s’exprimait au nom de l’intersyndicale. Il a ajouté que FagorBrandt « est une entreprise viable avec un portefeuille de commandes rempli ».

Les quatre sites en France, Orléans (Loiret), Vendôme (Loir-et-Cher), La Roche-sur-Yon et Aizenay (Vendée), qui emploient 1 225 personnes, sont à l’arrêt depuis le 21 octobre. La dette de FagorBrandt s’élève à 250 millions d’euros, dont 142 millions d’euros vis-à-vis de prestataires extérieurs et 108 millions d’euros auprès du groupe espagnol, selon les syndicats. Ces derniers demandent notamment au gouvernement de les aider « à trouver des partenaires financiers, rassurer les fournisseurs et les clients et renforcer le label produire français ».