De nouvelles alliances pour les plateformes coopératives, des « plateformes en communs »

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Organisé par La Coop des Communs, le troisième Forum des plateformes coopératives a eu lieu le 20 septembre 2022 à la Maison des Associations de Solidarité à Paris. Intitulé « Plateformes en communs : quelles alliances pour quelles transitions ? », cette rencontre a posé l’enjeu démocratique de la révolution numérique actuelle. Face aux acteurs du capitalisme numérique et dans le moment charnière que représente la crise écologique et sociale, comment construire un autre modèle, un autre espace ? Seules les alliances et l’action conjointe entre acteurs des plateformes coopératives, de l’ESS, du logiciel libre et des communs numériques notamment, le permettront.

La première édition, en 2019, avait permis de mieux faire connaître ce modèle d’entreprenariat numérique basé sur les valeurs du coopérativisme et des communs. La caractérisation de ce que sont, et font, les plateformes coopératives, y avait été soulignée, en termes de gouvernance partagée, de partage de la valeur, d’éthique des données, de production de communs et de coopération. Comme l’a rappelé Corinne Vercher-Chaptal lors du troisième Forum, les plateformes coopératives ne font pas plus éthiquement que ce que font les plateformes dominantes, mais elles proposent un autre modèle. Quant à l’édition 2020 du Forum, elle s’était employée à renforcer la coopération, notamment avec les collectivités territoriales. Le troisième Forum a réuni une centaine de participants : plateformes coopératives, acteurs du logiciel libre et des communs numériques, mutuelles et coopératives de l’ESS, tiers-lieux, collectivités territoriales, chercheurs, associations autour d’ateliers, le matin, et tables rondes, l’après-midi.

L’atelier financement a réuni plateformes coopératives (Mobicoop, Citiz, Coopcircuits) et financeurs (Banque des territoires, CGSCOP et URSCOP), pour aider à mutualiser leurs questions et expériences et monter en puissance. Les participants y ont débattu notamment des difficultés liées tant au statut de coopérative qu’à celui de « start-up » et au financement en fonds propres. Ce que recouvre une plateforme coopérative en termes d’infrastructures territoriales, de communs, de logiciels libres, reste difficile à appréhender pour les financeurs. L’atelier mutualisation d’une infrastructure technique a posé les bases de la première expérience de mise en commun de moyens entre acteurs de Plateformes en communs, autour de la mise en œuvre et la maintenance d’un système de backup de serveurs. Cette infrastructure commune permettra de s’autonomiser des acteurs commerciaux à but lucratif, favorisera l’émergence et la concentration de savoir-faire et de moyens pérennes, et pourra déboucher sur des projets de mise en place d’autres infrastructures mutualisées.

Animée par Joackim Lebrun, directeur de l’APES, réseau d’acteurs pour l’économie solidaire dans les Hauts-de-France, la première table ronde a abordé la coopération entre collectivités locales et plateformes coopératives. Jérôme Giusti, avocat qui accompagne la coopérative de chauffeurs VTC du 93, a précisé les enjeux partagés de mobilité solidaire, d’attractivité et d’opportunités économiques pour les territoires qui sont le moteur de la coopération. Tant en phase d’amorçage que de pérennisation, l’accompagnement global par les collectivités est primordial.

Jean-Baptiste Schmider, PDG de Citiz en a précisé les modalités. Sur le plan financier via l’entrée au capital des SCIC locales. Par d’autres mécanismes : communication, mise à disposition de foncier ou d’espace public, mise en relation avec d’autres acteurs, usage du service fourni par la plateforme, etc. Cependant, ce rôle de facilitation est loin d’être acquis, comme l’ont expliqué Magali Roger, chargée de mission innovation numérique, et Caroline Paul, chargée de mission ESS à la Métropole européenne de Lille. Élus et techniciens devraient passer d’une posture de commanditaire à facilitateur. Ils ont besoin de davantage de sensibilisation à ce modèle de plateforme. Devoir démontrer la stabilité du projet, ainsi que son impact, peut rendre difficile la coopération en phase initiale.

Animée par Pierre-Yves Gosset, délégué général de Framasoft, la seconde table ronde était centrée autour d’un nouveau type d’alliances : celles entre plateformes coopératives, communs numériques et médiation numérique pour outiller les transitions. Pour ce faire, Emmanuelle Roux, administratrice de la Mednum, a insisté sur la rencontre, l’échange et le respect des différences entre deux individus, pour dépasser les appartenances institutionnelles qui peuvent constituer un frein aux alliances. Rémy Gerbet, directeur exécutif de Wikimedia France, a évoqué les différents types d’alliances déjà menées, notamment autour du politique, que ce soit pour des actions de plaidoyer au niveau européen ou pour se constituer en acteur politique visible. Alexandre Bigot-Verdier, directeur de Pop Café, a invité les plateformes à produire une offre commune lisible en s’alliant aux tiers-lieux. Ces derniers peuvent servir d’intermédiaires pour mutualiser l’accès à des infrastruc- tures, à des usagers, et contribuer aux transitions de leurs territoires d’implantation, en partenariat avec les acteurs de la médiation numérique. Bastien Sibille, président des Licoornes, alliance de coopératives autour des transitions, a proposé trois points nécessaires pour faire alliance : savoir qui sont les alliés, avoir un récit à partager et des objectifs communs, et avoir des ressources.

Les acteurs consolidés de l’ESS auraient un rôle à jouer quant aux moyens. Créer de nouvelles alliances nécessite plus d’espaces de discussion et de co-construction, de faire reconnaître la valeur et l’utilité sociale des plateformes coopératives, notamment auprès des pouvoir publics, et enfin de temps.
Bastien Sibille a conclu le forum en présentant la déclaration. Celle-ci invite à la rejoindre tous les acteurs qui souhaitent que vive un monde numérique alternatif aux grandes plateformes. Afin de préserver une diversité d’acteurs et refuser le monopole numérique que ces dernières exercent, elle invite à une stratégie d’alliance entre plateformes agissant pour un numérique d’intérêtgénéral et porteuses d’innovation sociale. Elle se structure autour d’un récit commun minimal et des objectifs communs, comme peuvent l’être l’atteinte d’une masse critique d’utilisateurs, la coopération avec les  acteurs publics, la sobriété numérique, ou la souverai- neté numérique de l’Europe. Enfin, elle invite à s’engager pour mutualiser des ressources : temps de travail des collaborateurs, capacité de plaidoyer, compétences autour du financement, ressources informatiques, etc.

Véra Vidal
La Coop des Communs