Appel à contribution « Les coopératives en temps de conflit »

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Par Marie J. Bouchard (Université du Québec à Montréal et CIRIEC International) et Eva Cantele (ESS Forum International).

« La consolidation de la paix se fait dans les communautés et non sur les champs de bataille » (Ian MacPherson, 2007)

Ce dossier thématique de la RECMA, s’intéresse aux coopératives en temps de conflits, à un moment où ces derniers sévissent toujours dans plusieurs régions du monde, menaçant les équilibres mondiaux et peut-être même l’humanité dans son entier. Ces tragédies montrent, à nouveau, combien l’espoir de paix dans le monde est encore loin d’être atteint. Quels rôles effectifs les coopératives, et plus généralement les organisations de l’ESS, jouent-elles pour répondre aux besoins des communautés affectées par les conflits, les violences ou violations des droits humains, et donc participer à la consolidation de la paix dans un territoire ?

Plusieurs études ont montré que les coopératives peuvent jouer un rôle crucial en temps de guerre. De nombreux exemples témoignent en effet de leur rôle au sein des pays affectés par les conflits, de même que de la solidarité internationale exprimée par les acteurs et institutions de l’ESS à travers le monde. Ces actions aident à subvenir aux besoins des popu- lations concernées. Elles peuvent également agir en amont des conflits, en vue de les prévenir (Emmanuel et MacPherson, 2007 ; MacPherson et Paz, 2015), mais aussi en situation de post-conflit pour contribuer à la réconciliation et à la reconstruction (exemples : Colombie ; Sri Lanka ; Afghanistan…). Les coopératives fournissent souvent des services pratiques par le biais d’une action collective, sous-tendue par des principes d’auto-assistance, de mutualisme et de gouvernance démocratique. Nombreux sont les exemples qui illustrent le rôle des coopératives dans la reconstruction, l’attention aux personnes déplacées – à l’intérieur du pays ou réfugiées – et population hôte, la réhabilitation des anciens combattants, etc. Cependant, l’Histoire (notamment les deux guerres mondiales) comme l’actualité montrent qu’elles peuvent également être instrumentalisées par les États belligérants, être bellicistes, soutenir les colonisateurs ou même des dictatures, etc.

Néanmoins, les coopératives sont perçues comme particulièrement importantes pour la consolidation de la paix et la transition post-conflit, car elles favorisent le développement communautaire et permettent d’assurer des moyens de subsistance durables, l’accès au marché, la planification de l’atténuation des risques, la micro-assurance, l’intégration dans les communautés locales et l’accès aux services de santé (Cooperatives Europe, 2019). Par leurs valeurs et pratiques, elles peuvent contribuer à la résolution des conflits et à la consolidation de la paix. Elles répondent aux besoins et aux aspirations de l’Homme, y compris les ambitions d’un avenir meilleur, plus inclusif, plus durable, plus participatif et plus prospère pour tous (ACI, 2019).

Par ses principes, la coopérative – et plus largement l’ESS – lutte contre les formes structurelles de la violence telles que l’exclusion économique en proposant un cadre économique qui promeut l’inclusion, la justice sociale et la solidarité. Ce rôle peut être mis à contribution dans une perspective de reconstruc- tion des institutions, pouvant s’inscrire dans l’objectif d’un développement alternatif, mais aussi au contraire reproduire un modèle libéral (ou néolibéral) (Ramnarain, à paraître 2023).

Les coopératives et l’ESS soutiennent également des processus de gestion et de gouvernance participatifs et démocratiques, favorisant la participation citoyenne aux processus politiques à différentes échelles territoriales. Elles contribuent par leurs pratiques au quotidien et de manière souvent informelle à cultiver la non-violence (Ramnarain, à paraître en 2023). Elles ont également le potentiel de « former le noyau d’une économie politique alternative de la consolidation de la paix », comme lorsqu’elles travaillent dans les zones rurales des pays en conflit, en tant que stratégie de développement économique local (Esim et Omeira, 2009, p. 11 ; Cooperatives Europe, 2019, p. 11).

Les coopératives peuvent offrir la possibilité de pratiques démocratiques à petite échelle, potentiels « éléments constitutifs de ce qui pourrait devenir une économie démocratique à l’échelle de la société » (Caspary, 2007, p. 342). Les coopératives peuvent aussi être des lieux de lutte, de résistance aux totalitarismes. (OIT, 2020). Les coopératives sont invitées à construire un avenir meilleur fondé sur la coopération. L’Alliance coopérative internationale, l’une des seules organisations internationales à avoir survécu à la Première et à la Seconde Guerre mondiale, a depuis longtemps insisté sur le lien entre les pratiques coopératives et la paix « positive » (voir ACI, 2019).

Les manifestations récentes d’intérêt à l’endroit des coopératives et de l’ESS par les organisations de l’ONU, notamment en lien avec le développement durable et le travail décent (OIT, 2022), ne sont pas sans rappeler que les guerres sont largement alimentées par les iniquités entre les peuples. Quel espoir peut-on fonder aujourd’hui dans le mouvement coopératif, et plus généralement dans l’ESS ?

La RECMA réunira dans ce dossier des articles documentant et analysant le rôle des coopératives et des autres organisations de l’ESS en temps de conflit. Le numéro fait appel à une variété des angles d’analyse et des approches disciplinaires (économie, gestion, sociologie, histoire, droit…), et réunit des textes portant notamment, mais pas exclusivement, sur trois axes :
• L’analyse critique des expériences passées et en cours des coopératives en temps de conflit et de post-conflit ;
• Les doctrines associant coopérative et pacifisme, associationnisme et non-violence, ESS et communautarisme ;
• Les débats qui accompagnent le rôle des coopératives et de l’ESS en temps de conflit.

Le dossier s’efforcera d’équilibrer les différentes approches disciplinaires du phénomène (économie, droit, sociologie, anthropologie, histoire, géographie, sciences politiques).

Les propositions devront parvenir à la RECMA avant le 30 juin. Rédigés en français, en anglais ou en espagnol, les articles devront comporter 35 000 à 40 000 signes, incluant un résumé en français et en anglais (respectivement de 650 signes espaces inclus), des notes de bas de page et une bibliographie. Ils feront l’objet d’une procédure d’évaluation en double aveugle. Des recommandations aux auteurs de la RECMA sont disponibles ici : http://www.recma.org/note-aux-auteurs

La publication de ce dossier est prévue dans le numéro de janvier 2024.

Références

ACI, 2019, Déclaration de l’ACI sur la paix positive à travers les coopératives, Bruxelles, Alliance Coopérative Internationale. Disponible en ligne : https://www.ica.coop/fr/media/bibliotheque/

Caspary W., 2007, « Coops, Democracy, Conflict Resolution, & Peace: Theoretical Resources », dans Emmanuel J. et MacPherson I. (Eds.), Cooperatives and the pursuit of peace, Cooperatives & Peace series, Volume 1. Victoria (BC), University of Victoria, British Columbia Institute for Co-operative Studies and New Rochdale Press. Disponible en ligne: https://dokumen.tips/documents/co-operatives-pursuit-of-peace

Cooperatives Europe, 2019, Cooperatives and Peace: Strengthening Democracy, Participation and Trust. A Case Study Approach, Brussels, International Cooperative Alliance and Cooperatives Europe. Disponible en ligne : https://www.ica.coop/sites/

Esim S. et Omeira M., 2009, « Rural Women Producers and Cooperatives in Conflict Settings in Arab States », papier présenté à FAO- IFAD-ILO Workshop on Gaps, trends and current research in gender dimensions of agricultural and rural employment: differentiated pathways out of poverty, Rome, 31 mars-2 avril.

MacPherson I. et Paz Y., 2015, Concern for Community: The Relevance of Co-operatives to Peace, Victoria (BC), Joy Emmanuel Turning Times Research and Consulting. Disponible en ligne: https://ccr.ica.coop/sites/

OIT, 2022, Projet de résolution concernant le travail décent et l’économie sociale et solidaire, 110 e Conférence internationale du Travail, ILC.110/ CDG/D.4, Genève, Organisation Internationale du Travail. Disponible en ligne : https://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/

OIT, 2020, Mapping Responses by Cooperatives and SSEOs to Forced Displacement, Genève, Organisation Internationale du Travail. Disponible en ligne : https://www.ilo.org/global/topics/

Ramnarain S., (à paraître en 2023), « Peace, Non-Violence, and the Social and Solidarity Economy », in Yi, I. et al. (Eds), Encyclopedia of the Social and Solidarity Economy, Cheltenham and Northampton, MA, Edward Elgar Publishing Limited in partnership with United Nations Inter-Agency Task Force on Social and Solidarity Economy (UNTFSSE). Disponible en ligne: https://knowledgehub.unsse.org/knowledge-hub/